Johannesburg, 08 octobre, 2025 / 10:11 PM
Le président de la Commission Justice et Paix de la Conférence des évêques catholiques d’Afrique australe (SACBC) a condamné le scandale de corruption à l’hôpital de Tembisa, en Afrique du Sud, le qualifiant de grave injustice et d’attaque directe contre le droit des pauvres à des soins de santé.
Dans une déclaration publiée le 3 octobre, saluant le rapport d’enquête de l’Unité spéciale d’enquête (SIU), qui a révélé un détournement présumé de plus de 2 milliards de rands (environ 109 millions de dollars américains) à l’hôpital de Tembisa, Mgr Thulani Victor Mbuyisa a qualifié le scandale de « grave atteinte à la confiance du public ».
« Ce scandale constitue non seulement une trahison grave de la confiance publique, mais aussi une attaque directe contre la dignité et les droits des pauvres qui dépendent du système de santé public », déclare Mgr Mbuyisa.
Le scandale remonte à 2021, lorsque Babita Deokaran, directrice générale de la comptabilité financière au département de la Santé du Gauteng, a été assassinée devant son domicile dans le sud de Johannesburg après avoir dénoncé des paiements irréguliers et suspects à l’hôpital de Tembisa.
Parmi les principales irrégularités qu’elle avait signalées figuraient plus de 850 millions de rands (environ 46,3 millions de dollars) de contrats irréguliers conclus avec plus de 217 prestataires de services, dont de nombreux contrats d’une valeur inférieure à 500 000 rands (27 200 dollars), seuil en dessous duquel les règles de passation de marchés sont moins strictes.
Elle aurait identifié plus de 200 entreprises potentiellement frauduleuses traitant avec l’hôpital — certaines étant de simples sociétés fictives n’existant que sur le papier — qui ont reçu des sommes importantes à travers des contrats attribués sur de courtes périodes.
Depuis lors, la SIU et d’autres organes de l’État mèneraient des enquêtes à la fois sur les irrégularités de passation de marchés qu’elle avait révélées et sur le meurtre. Des décrets auraient également été signés pour permettre des investigations plus approfondies.
Dans sa déclaration du 3 octobre, Mgr Mbuyisa affirme :
« Nous nous souvenons du sacrifice de Babita Deokaran, qui a eu le courage de dénoncer ces irrégularités et a payé de sa vie sa fidélité à la vérité et à la justice. »
L’ordinaire du lieu du diocèse catholique de Kokstad a souligné que l’assassinat de Mme Deokaran constitue « un rappel saisissant des graves dangers auxquels sont confrontés les lanceurs d’alerte en Afrique du Sud ».
« Rendre justice à Babita Deokaran exige non seulement la publication de rapports, mais aussi une responsabilité concrète à travers des poursuites fermes contre les personnes impliquées », a déclaré le membre sud-africain de la Congrégation des Missionnaires de Mariannhill (CMM).
Il a ajouté que, « bien que le rapport de la SIU soit une première étape nécessaire, la justice restera incomplète tant que le Service de police sud-africain (SAPS) et l’Autorité nationale des poursuites (NPA) n’agiront pas sur la base du rapport de la SIU avec urgence, professionnalisme et intégrité ».
Mgr Mbuyisa a dénoncé ce qu’il qualifie de « défaillances persistantes, marquées par des retards, des enquêtes faibles et des poursuites bâclées », affirmant que ces lacunes ont érodé la confiance du public envers les institutions chargées de rendre la justice dans le pays.
« Nous appelons donc la Protectrice publique à intervenir et à veiller à ce que les poursuites découlant du rapport de la SIU soient menées rapidement, fermement et sans compromis », a-t-il déclaré dans sa déclaration signée.
Le président de la Commission Justice et Paix de la SACBC a déploré que « la corruption d’une telle ampleur dépasse rarement une seule institution ».
« Nous exhortons donc la SIU à élargir ses enquêtes au-delà de l’hôpital de Tembisa », a-t-il ajouté.
« Le pillage des budgets de la santé ne constitue pas seulement une infraction criminelle, mais aussi une faute morale d’une gravité extrême », a-t-il souligné dans sa déclaration d’une page.
Faisant référence au livre du prophète Amos, il a ajouté :
« Nous proclamons donc les paroles de la justice de Dieu dans la vie de ceux qui pillent les budgets des hôpitaux au détriment des pauvres, se régalant de richesses volées tandis que les patients des hôpitaux publics sont privés de médicaments, d’équipements et de soins. »
« Vous dormez sur des lits d’ivoire et vous vous étendez sur vos divans. Vous mangez les agneaux les plus tendres et les veaux engraissés. Vous buvez le vin à pleines coupes et vous vous oignez avec les huiles les plus fines, mais vous ne vous affligez pas du malheur de Joseph », a rappelé Mgr Mbuyisa, citant la prophétie d’Amos.
Et de conclure :
« Nous continuerons à soutenir les lanceurs d’alerte, en priant et en agissant pour que la justice de Dieu triomphe. »
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